
Laurianne Simon
Née en 1989 à Brest, France
Vit et travaille à Porspoder, en Bretagne.
Laurianne Simon a fait ses études à l'École Européenne Supérieure d'Art de Bretagne à Quimper et a obtenu son DNSEP (Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique) en 2012.
Lors de ses années aux Beaux-Arts, la peinture est devenue une obsession, puis un langage. Influencée par Helen Frankenthaler , Eugène Leroy, James Ensor, Edouard Prulhiere et Louise Bourgeois , la peinture de Laurianne Simon était explosive : des combats de coqs, des perroquets difformes et grotesques, finalement des métaphores de sa relation fusionnelle à la peinture, mais aussi des incompréhensions intimes de la mascarade sociale jetées sur la toile.
La peintre est devenue maman en 2017. Cette nouvelle identité transforme peu à peu son travail. Le thème des oiseaux, qui était jusqu’ alors très présent dans son œuvre, s’atténue pour révéler l’espace domestique et le monde de l’enfance. L’espace domestique était devenu depuis sa sortie de l’école, pour des raisons budgétaires son espace de travail: son atelier. Et là, le jeu commence : qui part à la chasse perd sa place. Un jeu entre l’artiste, son rôle de maman, son enfant, ses grossesses. Tout se mélange un peu. Les déplacements commencent, les peintures se retrouvent dans la salle à manger, qui était auparavant un atelier, mais cet espace retrouve sa fonction première. Les peintures migrent dans la chambre sans bouger pendant quelques mois, puis, en préparation d’expo – et même si l’artiste est enceinte de sa deuxième fille – la chambre est virée dans le salon.
Et la peintre pense profondément à l’œuvre Une chambre à soi de Virginia Woolf, en transformant ce lieu en atelier pendant six mois. Les dessins d’enfants recouvrent alors tous les murs du salon. Nous sommes dans une maison/atelier.
Le nouveau bébé débarque, plus le temps de peindre. Mais cet humble appartement, contenant une chambre, une salle de bain, un salon, une cuisine, une salle à manger, deux adultes, deux enfants en bas âge, un chat et une cinquantaine de peintures, continue de changer. Non plus pour peindre, car le rôle de maman de l’artiste ne lui en donne pas le temps, mais lors des siestes, les meubles continuent de bouger. La jeune maman cherche son atelier : une toile se retrouve tendue au-dessus du lit parental. Et finalement, tout cela ne crée que des scénographies autour de ses enfants, car après les nombreux déménagements, le temps manque toujours pour peindre.
Sa série de peintures qu’elle appelle Enfant/Capuche – un petit jeu de mots influencé par la traduction du mot anglais childhood – prend de plus en plus de sens. Elle interroge la complexité de la maternité, de la relation parent-enfant, les défis de concilier vie familiale et pratique de la peinture, tout en questionnant sa position de féministe dans une construction de vie qui reflète encore et toujours les structures patriarcales autour de la famille.
Relocalisée de Toronto et désormais installée à Porspoder, elle rénove avec son père et son mari un ancien garage pour y construire une maison/atelier plus vaste. Un espace que l’on espère propice à poursuivre sa série Enfant/Capuche — ou à en faire naître de nouvelles. Peut-être aussi que ces murs réveilleront de nouvelles scénographies à peindre. Et bien sûr, comment ne pas conclure sans une pensée pour Les Ménines de Velázquez...
Laurianne Simon à la troisième personne. Avril 2025